Dear Painter... (Cher Peintre...) (Leiber Maler...) Peintures figuratives depuis l'ultime Picabia: Centre Pompidou, France; Kunsthalle Wien, Austria; Schirn Kunsthalle Frankfurt, Germany
La peinture figurative est-elle essentiellement traditionnelle, politiquement conservatrice et ennemie de l'avant-garde? Est-ce que peindre la figure humaine implique nécessairement une volonté de revenir à des thématiques humanistes, à une représentation fidèle de l'expérience et de l'émotion humaines? La peinture figurative peut-elle être simultanément provocatrice et sincère, critique et sentimentale? L'exposition «Cher Peintre..., Lieber Maler..., Dear Painter...» s'ouvre sur une série de questions qui ont hanté l'histoire de la peinture moderne d'après-guerre et propose d'interroger les pratiques d'un ensemble de dix-sept artistes depuis 1940.
Kai Althoff, Carole Benzaken, Glenn Brown, Bernard Buffet Brian Calvin, John Currin, Peter Doig. Sophie von Hellermann, Alex Katz. Kurt Kauper, Martin Kippenberger, Bruno Perramant, Elizabeth Peyton, Francis Picabia, Sigmar Polke, Neo Rauch, Luc Tuymans
«Cher Peintre...» emprunte son titre à la première exposition personnelle de Martin Kippenberger, intitulée Lieber Maler, male mir... (Cher Peintre, peins-moi..., 1981) pour laquelle l'artiste avait commandé à un peintre d'affiches de cinéma de réaliser une série de peintures extrêmement réalistes de sujets de son choix. Cette attitude radicale de Kippenberger à l'égard de la notion d'authenticité de la peinture figurative constitue une position partagée par tous les artistes de l'exposition. Même s'ils offrent des réponses différentes et parfois antagonistes aux questions ici posées, ils adoptent des stratégies communes de provocation, de distance critique et d'ironie. Conventions de la figuration, poids de l'histoire de la peinture et orthodoxie moderniste sont autant de questions placées au banc des accusés pour une réévaluation.
Le genre démodé du portrait est le fil conducteur de l'exposition. Comme les autoportraits de la série Cher Peintre, peins-moi..., les travaux ici rassemblés prennent nettement leurs distances avec les conventions du portrait traditionnel. Nombre de ces artistes choisissent pour point de départ une image de la personne humaine — le sujet n'est quasiment jamais peint d'après un modèle vivant. Ils tirent leur matériau premier de la photographie, du cinéma, de la télévision, de la presse, des canons de l'histoire de l'art ou des personnages fictifs issus des codes visuels et sociaux déjà existants.
Submergée par la domination des mass médias, la peinture n'est plus la forme première de création d'images dans la culture occidentale contemporaine. La peinture figurative a perdu sa lisibilité générale. Le style et l'habileté technique propres à la peinture sont aujourd'hui dévalués, considérés comme désuets. Ce changement qui affecte son statut culturel a donné aux artistes la possibilité de jouer avec une palette variée de styles picturaux. Les artistes réunis pour «Cher Peintre...» mélangent réalisme et kitsch, académisme et styles vernaculaires. Leur peinture oscille entre la virtuosité technique et la médiocrité délibérée. Cette dimension ludique est un défi direct lancé aux valeurs historiques et aux programmes idéologiques qui sous-tendent les notions de style et de technique.
Les artistes rassemblés pour «Cher Peintre...», loin de croire à la mort annoncée de la peinture figurative, continuent de trouver en elle une source de liberté à l'égard des dogmes de l'histoire. «Cher Peintre...» réaffirme la vitalité de la peinture figurative, sa capacité à véhiculer un contenu conceptuel aussi bien qu'à constituer une source de plaisir visuel.
L'exposition «Cher Peintre...» se présente sous la forme d'une généalogie qui prend sa source dans cinq positions historiques distinctes, chacune définissant un moment crucial dans la deuxième moitié du XXe siècle.
L'exposition comprend :
• Une sélection de Nus de Francis Picabia datant des années 1940-1943, peints d'après des photographies trouvées dans des magazines érotiques.
• Un groupe de tableaux austères de Bernard Buffet, datant des années 1949-1965, consacrés à des sujets «académiques» (nus, portraits, autoportraits), qui rejettent radicalement l'abstraction prônée par l'École de Paris.
• Trois exemples clés du «réalisme capitaliste» de Sigmar Polke, représenté par des oeuvres du début des années 1960 qui parodient les effets aliénants de la culture de consommation.
• Une sélection de portraits de groupes à grande échelle d'Alex Katz, datant des années 1970, rendus à travers le regard détaché d'un cinéma à tendance sociologique.
• Une présentation iconique des portraits de Martin Kippenberger des années 1980, qui expriment son refus d'adhérer à une seule position artistique ou politique déterminée.
Ces fondations historiques étant posées, «Cher Peintre...» procède à la présentation de douze artistes qui ont émergé au long de la dernière décennie. On retrouve, au sein de ce groupe hétérogène d'artistes internationaux, les diverses positions formelles et conceptuelles suggérées par la présence des cinq figures historiques sur lesquelles s'ouvre «Cher Peintre...».
Commissariat de l'exposition
Alison M. Gingeras. conservateur au Musée national d'art moderne. Centre Pompidou. Paris.
en collaboration avec : Sabine Folie, conservateur en chef. Kunsthalle Wien Blaienka Perica. conservateur. Schirn Kunsthalle Frankfurt. Co-production «Cher Peintre...» est co-organisé et co-produit par le Centre Pompidou à Paris. la Kunsthalle Wien, et la Schirn Kunsthalle Frankfurt.
Centre Pompidou
12 juin - 2 septembre 2002
Kunsthalle Wien
20 septembre 2002 - 1 janvier 2003
Schirn Kunsthalle Frankfurt
14 janvier 2003 - 6 avril. 2003